La transformation de l’ancienne halle de la Sernam s’achève, montrant une première réalisation écologique au cœur de la capitale.
Après avoir été amputée de huit travées pour laisser place à un nouveau gymnase1 signé Brisac Gonzalez architectes, la structure métallique qui date de 1926 et abrite deux nefs parallèles a repris toute son ampleur sur cent quarante mètres de long et de haut. Les tuiles des sheds orientés plein sud ont été remplacées par des panneaux voltaïques et des vitrages. Le bâtiment en bois est venu se glisser sous cette enveloppe protectrice et la bibliothèque en retour clôt, en élévation, l’espace de l’ancienne friche ferroviaire. Fondés indépendamment, ces nouveaux parallélépipèdes isolés par des murs épais de quarante-sept centimètres représentent le double de la surface primitive. L’architecte Françoise Hélène Jourda a eu recours à un procédé novateur pour réaliser cet équipement mixte : ce sont des poteaux en bois qui supportent le plancher en béton par l’intermédiaire d’une platine métallique ; apparente dans la bibliothèque, elle revêt l’aspect d’un chapiteau brut. Enfin, pour répondre au PLU et à la réglementation des cours parisiennes, une tranchée à l’air libre interrompt la couverture des sheds au droit de l’auberge de jeunesse et donc de la jonction des deux nefs. Les poteaux et poutres de la halle d’origine, une fois sablés et peints d’une couleur aux teintes changeantes du ciel de Paris, ont été contreventés par des croix de Saint-André qui rythment le jardin en cours de création (In Situ Paysagiste). Situé au niveau des voies ferrées, le jardin est relié au XVIIIe arrondissement par un cheminement incliné et répond au jardin d’Éole qui, lui, s’étend en surplomb du réseau ferré. Côté ville, les anciennes Messageries des douanes, qui ont conservé leur volume, accueillent en fond de mail un collège de vingt classes2 (atelier 234). À son opposé, un pôle de bureaux3 , conçu sur le modèle abâtardi de l’immeuble parisien par Lin et Gimpel, ferme l’îlot. Le quartier a préservé son échelle de R+3 et le ravalement des maisons adjacentes au mail invite à la promenade comme à la rencontre : un véritable changement de physionomie pour cette ancienne friche qui s’inscrit comme une nouvelle démarche urbaine.
Propos recueillis auprès de Raphaëlle Laure PERRAUDIN
- Le gymnase, bâtiment THPE : 300 m2 de panneaux solaires photovoltaiques, 60 % d’énergie propre ; récupération et stockage des eaux de pluie ; ventilation double flux et ventilation naturelle limitent les besoins en chaleur et annulent les besoins en climatisation. ↩
- Collège Aimé-Césaire, bâtiment HQE : toiture végétalisée, ventilation double flux, chauffage par réseau urbain, brise-soleil pivotant. ↩
- Pôle entreprises, bâtiment BCE (basse consommation énergétique) : toiture végétalisée, isolation par l’extérieur, ventilation double flux avec récupération de chaleur à 80 %. ↩